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Séquestration vs évitement : notre note de positionnement




Définition des 2 concepts selon la NetZero Initiative de Carbone 4

  • Séquestration :  La séquestration de carbone implique la capture et le stockage du CO2 de l'atmosphère. Cela peut se faire de manière naturelle (par la reforestation, les sols agricoles, etc.) ou par des technologies artificielles (comme le captage et stockage du carbone (CSC), la bioénergie avec captage et stockage du carbone (BECCS), la transformation de la biomasse, etc.).


  • Évitement ou réduction : Génération de réductions d’émissions par rapport à un scénario de référence contrefactuel. Du fait de la comparaison avec un scénario de référence, évitement et réduction désigne la même chose en matière de crédits carbone. Cette approche consiste à diminuer directement les émissions de gaz à effet de serre (GES) par l'adoption de technologies et de pratiques plus propres et plus efficaces. Cela inclut l'amélioration de l'efficacité énergétique, le passage aux énergies renouvelables, l'optimisation des processus industriels ou de pratiques agricoles, l’usage d’économie circulaire ou de réemploi, etc.


D’un point de vue de l’impact sur l’atmosphère et en synthèse : 

  • Séquestration : Réduit la quantité de CO₂ déjà présente dans l'atmosphère (pilier C de l’infographie ci-dessous).

  • Évitement ou réduction : Empêche l'ajout de nouvelles émissions de CO₂ dans l'atmosphère, chez soi (pilier A) ou chez les autres (pilier B).




Qu'est-ce qui les différencie ?

Aujourd’hui, la grande majorité des projets de séquestration sont des solutions fondées sur la nature, et impliquent la plantation d’arbres ou des projets de transition de pratiques agricoles. La capture de gaz à effets de serre se fait par la croissance de la biomasse et prend donc du temps. À titre d’exemple, un projet forestier va porter sur plusieurs dizaines d’années, à minima 30 ans pour un boisement forestier. Ainsi, pour 1€ investi, l’impact climatique est lissé dans le temps à long terme.


Les projets d’évitement ou de réduction ont un impact généralement plus rapide. Par exemple, un projet d’économie circulaire permet d’éviter la production d’un équivalent neuf et donc à un effet immédiat sur l’atmosphère. Le même 1€ investi aura donc un impact plus court-terme. De facto, la constatation des réductions d’émissions réalisées est souvent moins réversible que pour des projets de séquestration basés sur la nature.


D’importants travaux de recherche et développement sont en cours pour développer des projets qui allient les deux, il s’agit des projets de BECCS ou Air Capture qui consistent à piéger le CO2 et à le conserver sous une forme la plus inaltérable possible. Du fait des importants besoins en énergie et en financement industriel et en R&D, ces crédits carbone sont très onéreux à l’achat. À titre d’exemple, le projet Biochar développé par Carbonapp est valorisé au prix de 220 €HT / TeqCO2.


Pour synthétiser :

  • Séquestration : Effet à long terme, car le carbone est stocké sur des périodes longues.

  • Évitement ou réduction : Effet immédiat, puisqu'il évite des émissions qui auraient eu lieu dans le court terme.



Ces appréciations de la temporalité impliquent également un risque sur la réversibilité, en effet, un évitement réalisé et constaté, est moins réversible qu’un projet basé sur la nature, soumis au contexte géopolitique et climatique.


Risque de réversibilité :

  • Séquestration : Risque lié à la libération future de CO₂ séquestré (par exemple, si une forêt brûle).

  • Évitement ou réduction : Généralement considéré comme plus permanent, car il repose sur des changements technologiques ou de pratiques qui ne sont pas facilement réversibles.



D’un point de vue des standards de compensation carbone, les standards existants instruisent ces dossiers de la même façon, il n’y a pas de différence entre un projet d’évitement et un projet de séquestration, tous deux doivent répondre aux mêmes critères et exigences vis-à-vis de la compensation carbone :


  • Mesurabilité : des labels, certifications ou méthodologies reconnus au niveau international permettent d’attester que le projet est conforme aux exigences ; 

  • Permanence : les impacts du projet doivent durer dans le temps ; 

  • Unicité : un seul crédit carbone vendu par entité ;

  • Additionnalité : on doit pouvoir démontrer que l’utilisation des crédits carbone dans le cadre du projet est le seul moyen de pouvoir faire émerger une situation meilleure que la situation d’origine ;

  • Vérifiabilité : la réduction effective des GES doit pouvoir être vérifiée chaque année.



L’approche d’insetting ou d’offsetting selon le référentiel SBTi et le GHG Protocol

Insetting et offsetting sont deux approches complémentaires pour la réduction des émissions de carbone, mais elles diffèrent principalement par leur portée et leur application.


L'insetting se réfère à des actions de réduction des émissions de carbone menées à l'intérieur de la chaîne de valeur d'une entreprise. Cela signifie que les projets d'insetting sont intégrés directement dans les activités et les processus de l'entreprise, souvent en collaboration avec les partenaires, les fournisseurs, ou les communautés locales. Par exemple, une entreprise agricole pourrait investir dans des pratiques agricoles durables pour réduire les émissions de ses propres cultures ou celles de ses fournisseurs.


L'offsetting, en revanche, implique la compensation des émissions de carbone d'une entreprise en finançant dans des projets externes de réduction des émissions. Ces projets peuvent être situés n'importe où dans le monde et incluent des initiatives telles que la reforestation, les énergies renouvelables, ou les programmes de capture et de stockage du carbone. L'objectif est de compenser les émissions de carbone générées par l'entreprise en finançant des réductions équivalentes ailleurs.


En résumé, l'insetting se concentre sur la réduction des émissions au sein de la chaîne de valeur directe de l'entreprise, tandis que l'offsetting implique la compensation des émissions par des projets externes et en plus des efforts de réduction déjà menés. Les deux approches peuvent être utilisées conjointement pour atteindre des objectifs de neutralité carbone.


Pour l’acheteur des crédits carbone, quelles sont les différences ?


D’un point de vue du référentiel SBTi cela implique une différence importante. En effet, une entreprise qui compense dans sa chaîne de valeur verra cette compensation carbone requalifiée comme une réduction de son Scope 3. Ainsi, les standards de crédits carbone apportent une vérification externe impartiale et une méthodologie transparente de calculs de ces réductions / séquestrations dans la chaîne de valeur, mais d’un point de vue du bilan carbone, cela sera désormais considéré comme une réduction du Scope 3. A titre d’exemple, Danone qui compense ses émissions de GES auprès de ses éleveurs laitiers permet de décarboner l’empreinte carbone du lait. Même Si Danone utilise un dispositif de compensation carbone, SBTi le requalifie en réduction de scope 3, à l’inverse de l’offsetting.

Ainsi, ce qui est - in fine - considéré comme de la compensation carbone est toujours hors chaîne de valeur.



L'analyse SWOT






En conclusion

L’engagement dans le temps et l’ambition


Si besoin de compenser rapidement, l’évitement est peut-être plus avisé, par exemple si une entreprise a une ambition de neutralité carbone dès 2030. Mais certains projets de séquestration comme les produits bio-sourcés peuvent également présenter une capaciter de captation très rapide.


Le prix souvent caractère différenciant


Un projet de séquestration peut être plus cher qu’un projet de réduction et c’est donc l’approche budgétaire du financeur qui peut être le facteur limitant de son ambition climatique.


L’appréciation du caractère “séquestration” et “évitement” n’obéit pas à une réglementation ou une définition réglementaire précise. Ce sont les standards qui le définissent au niveau de leurs méthodologies et ce sont également des définitions communément admises par les acheteurs. Par exemple, un projet Label bas-carbone forestier est catégorisé “séquestration” alors que les premières coupes de bois à 10 ans sont généralement dédiées à de la valorisation en bois énergie et permettre de réduire la consommation d’énergie fossile dans le mix énergétique. C’est la raison pour laquelle certains parle de projet “mixtes” c’est à dire alliant séquestration et réduction.


L’approche intra ou extra chaine de valeur


Si le financeur souhaite avoir un impact dans sa chaîne de valeur, la compensation sera requalifiée en réduction du Scope 3, les projets de réductions d’émissions et ou de séquestration carbone seront donc appréciés par une approche chaîne de valeur.

Les projets hors chaîne de valeur quant à eux, permettent de laisser les acheteurs travailler à la réduction de leur empreinte carbone et de limiter l’investissement en termes de compensation carbone à l'extérieur.


Dans tous les cas de figure, les deux approches ne sont pas opposées mais complémentaires. En effet, certains secteurs ont une capacité de réduction plus importante et disponible que d’autres. La compensation carbone est une inter-opérabilité des comptabilités carbone et permet justement un équilibrage entre différents secteurs (c’est à dire différentes chaînes de valeur) mais également entre les acteurs d’une même chaîne de valeur. L’on comprend donc bien que l’engagement de neutralité nette nécessite les deux approches et est l’affaire de tous.

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