Il aura fallu quelques mois aux projets de boisement et de reboisement, basés à Sanilhac (24), pour intégrer le marché de la compensation carbone et pour recevoir l’intégralité des fonds demandés. Sur la base du volontariat, un acteur français a souhaité compenser ses émissions de carbone résiduelles en contribuant au développement de ces projets ; projets qui n’auraient jamais pu voir le jour sans cet apport financier. On vous explique.
Des forêts sous tension :
Depuis plusieurs années, certains taillis épuisés de châtaigniers en Dordogne prennent de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique (sécheresses, fortes chaleurs, présence de la maladie de l’encre…). Les arbres dépérissent rapidement et deviennent un enjeu majeur pour les exploitants forestiers. Par ailleurs, la déprise agricole dans de petites parcelles amène une colonisation d’essences pionnières mais sans grand intérêt sylvicole.
Gwenaël Postec, gérant du Groupement Forestier de Guichégu (GFC) et associé chez OpenForêt a donc cherché à faire financer deux projets permettant la réduction des émissions de carbone dans l’atmosphère. L’objectif était de boiser ou reboiser des parcelles avec des essences adaptées, présentant une bonne croissance et un intérêt pour la filière. Ce faisant, l’on capte plus de CO2 sur ces parcelles par rapport à la situation antérieure d’une part et on prépare le bois d'œuvre des années 2060.
Les projets Sanilhac, qu’est-ce que c’est ?
Le premier correspond au reboisement de 7200 m² d’un taillis de châtaigniers sur souches épuisées, devenus vulnérables au moindre stress hydrique.
L’ambition du GFC est de reboiser l’intégralité de ces parcelles avec des essences adaptées aux nouvelles conditions climatiques, en particulier du pin maritime, car nous sommes sur le haut d’un plateau sans profondeur de sol. Le projet va donc séquestrer 173 tonnes de CO2, soit l’équivalent de la production de 7439 jeans en coton ,selon les chiffres de l'ADEME.
Le second concerne un boisement de parcelles mitoyennes de la précédente sur 16100m2 qui portaient principalement des planches de fraisiers en pleine terre (sous goutte à goutte). Ces terres ont été abandonnées et colonisées par des essences pionnières (notamment du bouleau).Ce boisement de terres non peuplées va permettre l’évitement de 394 tonnes carbone. 394 tonnes de CO2, c’est entre autres 2 000 000 km parcourus par une voiture.
Ces 576 tonnes sont considérées comme additionnelles. En d’autres termes, pour recevoir une certification de l’Etat, le GFC a dû envisager un scénario de base où les choses resteraient en l’état pendant les 30 prochaines années (aucun arbre n’aurait été planté ou replanté). Bien qu’il n’y ait aucune plantation, ces parcelles peuvent tout de même stocker du carbone. En effet, les porteurs de projet ne peuvent prendre en considération les tonnes additionnelles, c'est-à-dire la différence de quantité de carbone entre les émissions évitées par le projet et les émissions évitées par le scénario de base.
Des projets aux multiples co-bénéfices :
Car planter et replanter des arbres n’est pas l’unique solution, les projets Sanilhac proposent d’aller plus loin dans leurs démarches. Leur objectif : intégrer des co-bénéfices à leurs activités. Ceux-ci permettant d’apporter une qualité supplémentaire aux projets, leur donnant davantage de valeur ajoutée (Comprendre les co-bénéfices du Label bas-carbone).
Ici, ces boisement et reboisement mettent en avant de nombreux avantages :
Socio-économiques : implication d’entreprises locales dans la création des projets, adhésion à une certification de gestion durable (PEFC, FSC…), filtration de l’air dans les communautés de commune avoisinantes
Préservation des sols : Préparation du sol en bandes pour préserver la matière organique du milieu, diminuer l’érosion et limiter le stress hydrique
Introduction et protection de la biodiversité : Création de bordures feuillues linéaires (routes, chemins…), Maintien de bordures boisées présentes à proximité des parcelles à boiser autant de sanctuaires de biodiversité.
C’est à travers cet engagement allant au-delà de la simple compensation carbone que les projets Sanilhac se démarquent.
En somme, des projets de qualité :
Ces projets n’auraient jamais pu exister sans le financement d’un contributeur. On ne parle plus d’utilisation de puits de carbone existants mais de création de puits de carbone additionnels, accompagnés de co-bénéfices externes. De plus, ces boisement et reboisement sont implantés sur le territoire français, ce qui augmente drastiquement les prix par rapport à des projets dans les pays émergents. Cependant, contribuer à l’effort climatique en France paraît plus pertinent si son activité est proche du puits de carbone que de compenser à l’autre bout du monde. Ce sont ces raisons qui ont motivé la SOGEX (Société pour la gestion et l'Exploitation des Droits Dérivés de l'Œuvre d'Antoine de St Exupéry) à apporter son soutien à ces projets.
Quel rôle a joué Carbonapp dans cette rencontre ?
Carbonapp a proposé un accompagnement constant au GFC, de la quantification des tonnages carbone, à la mise en relation avec le meilleur financeur possible, en passant par le soutien pédagogique et la rédaction conjointe des documents de certification bas-carbone auprès du Ministère de la Transition écologique.
Au-delà d’avoir aidé à faire sortir de terre les projets Sanilhac, Carbonapp a aussi géré les négociations et l’écriture des contrats entre les porteurs de projets et le financeur. En tant que tiers de confiance et grâce à son équipe d’experts en compensation carbone, la société s’est engagée à apporter les meilleures solutions à chacune des parties prenantes, du début à la fin du processus, même après la contractualisation.
Bien que les émissions de la SOGEX restent minimes par rapport aux quantités astronomiques des grandes entreprises, chez Carbonapp, l’on se réjouit de voir que chaque acteur, à sa propre échelle et de sa propre initiative participe à l’effort climatique. Chacun mérite d’être accompagné, peu importe son poids sur l’empreinte mondiale. Comme disait le Petit Prince : "Les baobabs, avant de grandir, ça commence par être petit. ». Hâtons nous de suivre son conseil, plantons des petits arbres…
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